Comment Mirakl transforme ses opérations et son marché grâce à l’IA

De la marketplace à l’ère de l’IA

Mirakl repose sur une idée simple : permettre à chaque distributeur d’opérer comme Amazon, en connectant son écosystème de vendeurs et de produits via une plateforme unique et scalable.

Aujourd’hui, plus de 11 milliards d’euros de volume d’affaires transitent chaque année sur des marketplaces propulsées par Mirakl.

« Vous ne connaissez peut-être pas Mirakl, mais vous avez probablement déjà acheté via Mirakl — sur La Redoute, Leroy Merlin ou Macy’s. »

Au fil des années, l’entreprise a élargi son offre.

D’abord centrée sur les marketplaces, elle a étendu son expertise au retail media, puis à Mirakl Connect, un réseau qui permet aux marques de vendre sur plusieurs plateformes — du e-commerce classique à TikTok ou Walmart.

Le tournant IA : reconstruire, pas empiler

L’arrivée de ChatGPT a marqué un point de bascule pour les équipes d’Anne-Claire Baschet.

« Si on devait construire Mirakl aujourd’hui, on le construirait complètement différemment. »

Plutôt que d’ajouter simplement une couche d’IA sur une architecture existante, Mirakl a choisi de repenser sa structure entière autour de l’intelligence artificielle.

Cette approche a donné naissance à de nouveaux produits AI-native, comme Catalog Transformer, un outil qui automatise la mise en correspondance et l’enrichissement des données produits — une tâche qui prenait autrefois des semaines, désormais réalisée en quelques minutes.

« On n’a pas juste ajouté un assistant. On a accepté qu’une partie du code devait être réécrite. C’est ça, la vraie transformation. »

Cette refonte a aussi conduit à la création de Nexus, la nouvelle plateforme Mirakl pensée pour un monde d’“Agentic Commerce” — un commerce où les interactions passent par des agents IA plutôt que par de simples moteurs de recherche.

L’avènement du commerce “agentique”

Pour Anne-Claire, le retail entre dans sa troisième grande révolution.

Après l’e-commerce et les marketplaces vient l’ère du commerce piloté par l’intelligence artificielle.

« Ce n’est pas juste un changement dans la recherche. C’est un changement dans toute l’expérience d’achat. »

Les outils comme Perplexity, qui permettent d’acheter directement via une interface conversationnelle, transforment la manière dont les consommateurs découvrent et sélectionnent les produits.

Pour Mirakl, le défi est clair : rendre les catalogues, les fiches produits et les parcours d’achat compréhensibles par les IA.

« Qui a encore envie d’aller sur dix sites et de lire des pages et des pages ? L’agent le fera pour vous. »

Avec Nexus, Mirakl crée un véritable système d’exploitation du commerce : une couche qui standardise et expose les données produits pour qu’elles soient accessibles et exploitables par les IA, de Google à OpenAI ou Mistral.

Réinventer ses propres opérations avec l’IA

Cette transformation ne touche pas seulement les clients : elle transforme Mirakl de l’intérieur.

L’objectif d’Anne-Claire Baschet est ambitieux : faire de chaque collaborateur un créateur d’agents IA.

« On pense que 100 % de nos collaborateurs créeront leurs propres agents — pour eux-mêmes, leurs équipes ou leurs workflows. »

Pour rendre cela possible, Mirakl a développé Dust, une plateforme interne qui permet de construire des agents connectés aux données de l’entreprise sans écrire une ligne de code.

Déjà, 40 % des employés ont créé leur propre agent :

les équipes commerciales préparent leurs rendez-vous via Salesforce, les acheteurs automatisent leurs négociations, les RH accélèrent leurs analyses internes.

« Le but n’est pas de remplacer les gens, mais de les rendre plus puissants. »

Cette approche traduit la conviction profonde de Mirakl : l’IA doit être démocratisée et mise entre toutes les mains.

Redéfinir les métiers plutôt que les supprimer

Faut-il craindre que l’IA remplace des emplois ?

Pour Anne-Claire, la réponse est claire :

« On n’utilise pas l’IA pour réduire les coûts. On l’utilise pour mieux grandir. »

Les équipes n’ont pas été réduites — elles ont évolué.

Mirakl a par exemple fusionné les pôles documentation et support client, pour créer un flux continu d’apprentissage entre humains et agents.

Les IA répondent aujourd’hui à 70 % des demandes récurrentes, tandis que les experts humains gèrent les cas complexes… et entraînent les modèles.

« Ça a cassé les silos. Les mêmes personnes écrivent une meilleure documentation, répondent plus vite aux clients et forment l’IA. »

Plutôt que de recruter massivement, Mirakl investit dans la montée en puissance de ses collaborateurs, en mariant expertise humaine et exécution automatisée.

Une transformation avant tout culturelle

Au cœur du projet, une conviction : l’IA n’est pas un centre de coûts, mais un investissement dans les équipes.

« Notre plus grande richesse, ce sont nos collègues et nos clients. C’est normal d’investir dans leurs outils. »

Chaque employé dispose désormais d’un accès à des agents IA, de formations et d’un cadre d’expérimentation sécurisé.

L’entreprise a instauré des rituels et des “office hours” dédiées à l’IA pour accompagner l’apprentissage collectif.

« On entre dans une période où chaque équipe aura ses propres agents — comme elle a eu un jour ses ordinateurs ou ses tableurs. »

Redéfinir le commerce de l’intérieur

Le parcours de Mirakl illustre une réalité simple : la vraie transformation ne vient pas des fonctionnalités, mais de la manière de travailler.

« Ce n’est pas faire la même chose plus vite. C’est inventer de nouvelles façons de croître. »

En repensant son produit, en réorganisant ses équipes et en outillant ses clients pour le commerce piloté par l’IA, Mirakl prouve qu’il est possible d’allier technologie, performance et créativité humaine — sans jamais les opposer.

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